DIDIER DESCHAMPS A PARTICIPÉ À LA NO FINISH LINE

Didier Deschamps : "Le monde réel, j'y suis aussi…"

Didier Deschamps : « Le monde réel, j’y suis aussi… »

C’EST UN SÉLECTIONNEUR DE L’ÉQUIPE DE FRANCE DÉTENDU QUE L’ON A PU RENCONTRER HIER SUR LES QUAIS DU PORT HERCULE, À MONACO. APRÈS UNE SEMAINE RICHE EN ÉMOTIONS, DIDIER DESCHAMPS A PARTICIPÉ À LA NO FINISH LINE, UNE COURSE DESTINÉE À RÉCOLTER DES FONDS POUR LES ENFANTS DÉFAVORISÉS OU MALADES. SUIVI PAR DE NOMBREUX JOGGEURS, « DD » DÉFENDAIT ÉGALEMENT LA CAUSE DES AMIS DU LIBAN. TRÈS SOLLICITÉ RÉCEMMENT, IL NE S’EST TOUTEFOIS PAS DÉFILÉ AU MOMENT DE PASSER PAR LA CASE « INTERVIEW ».

Parlez-nous un peu de votre engagement à la No finish line…

J’étais l’un des parrains de cette manifestation, quand j’étais entraîneur de l’AS Monaco. Je peux encore un peu trottiner, alors je suis là. Il y a beaucoup de personnes généreuses qui s’investissent ici. Je viens aussi pour les Amis du Liban, une association dont je suis aussi le parrain depuis une dizaine d’années. Je connais bien la présidente, « Boubou » (Bouran Bouery, à qui il adresse un large sourire tout en répondant). C’est une histoire de femmes, en fait. Elle est amie avec la mienne, donc on a toujours gardé le contact.

Que faites-vous pour les Amis du Liban ?

J’essaie de les aider autant que possible dans leurs différentes opérations. En début d’année, on essaiera aussi d’aller sur le terrain, hein ? (Il se tourne vers Bouran Bouery)

Bouran Bouery : Didier nous a fait une belle donation qui nous a permis de créer un terrain de football au Nord du Liban, dans un village où il n’y avait rien pour le sport. L’endroit était une décharge sauvage, nous avons tout nettoyé avant de construire. L’endroit a été inauguré en avril dernier. Didier viendra avec nous là-bas car nous avons un programme pour détecter les jeunes les plus talentueux.

Didier, vous parvenez encore à trouver du temps pour ce genre d’actions ?

(Ironique) Oh, oui j’ai un emploi du temps qui me le permet ! Non, sérieusement, on arrive toujours à se libérer pour des causes comme celles-ci. Surtout quand ça touche les enfants.

C’est aussi une manière de garder les pieds dans la vie « plus réelle » ?

Mais le monde réel, j’y suis aussi à côté de ma fonction de sélectionneur. J’y ai toujours été. Même si c’est important pour ces associations, je ne médiatise pas tout le temps mes engagements. Quand on est entraîneur de club, on est pris par le quotidien. Là, j’ai un peu plus de temps.

On est quand même obligés de revenir un peu sur la soirée de mardi.

(Il coupe, faussement étonné). Nooon ? C’est bizarre…

Il paraît que vous avez bien célébré la qualification…

Ça, c’est ce qu’on dit. Non, on était avec la famille, les amis, le staff. On est sorti très tard du stade. Les joueurs, eux, reprenaient leur activité en club.

N’est-ce pas un peu frustrant de ne pas pouvoir savourer un peu plus avant de passer à autre chose ?

C’est comme ça… C’est ce qui arrive après la fin de chaque match. Dans mon esprit, c’est encore très frais. Je n’ai pas spécialement envie que ça retombe, puis tout le monde m’en parle. Il y a forcément un peu de fatigue après un stage de 10 jours. Mais je retiens surtout l’émotion qu’on a procurée aux gens qui étaient au stade ou devant leur télévision.

Surtout que ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé…

Si, ça arrive. Après, tout le monde voudrait que ça se passe comme ça à chaque fois. Là, c’est l’événement qui a fait ça. Dans le stade, il y avait une réelle ferveur pour cet objectif. C’était très important d’aller au Brésil.

Est-ce que c’est important de connaître de tels moments pour ne pas se laisser abattre par les sondages qui montrent un désamour pour les Bleus ?

Les sondages, ils existent. Mais moi, dans ma vie quotidienne, je vois énormément de personnes qui aiment l’équipe de France et qui ont envie qu’elle gagne. Après, il y aura toujours des gens qui détesteront le foot. On ne pourra rien y changer. Que ce soit dans le positif ou le négatif, on sera toujours dans l’excès quand on parlera de ce sport.

Lorsque vous étiez joueur, vous avez connu ces deux extrêmes : le Nirvana en 1998 et des critiques à votre encontre en 2000. Comment le vit-on ?

C’est sûr qu’en tant qu’acteur, j’ai vécu quelque chose de fabuleux. Quand on est sur le banc, on le vit différemment, un peu par procuration. Les critiques, forcément, ce n’est pas très agréable. Mais on est préparé pour ça. Ce que les gens oublient, c’est qu’on a des gens autour de nous, de la famille. Eux, ils ne sont pas préparés. Et ça peut être violent. Ils prennent ça en pleine face. De nos jours, il y a encore plus d’agressivité.

On vous a toujours présenté, à juste titre, comme « Didier la gagne ». Est-ce qu’à deux heures près, cela aurait pu être « Didier la lose » ?

Non, pourquoi ? Ce succès, c’est l’histoire des joueurs. Après, dans un parcours professionnel, il y a des réussites, des échecs. J’en ai connus aussi en tant que joueur. La vie continue après, même si les choses sont forcément plus agréables quand tout marche bien. Mais on apprend énormément dans les moments difficiles aussi.

Après le match aller à Kiev, vous vous êtes remis en question ?

C’est la première chose que j’ai faite. Ce qui se dit autour, ce qui s’écrit, ça n’a pas d’importance pour moi. Je suis resté dans mon rôle, je me suis isolé et je suis allé au bout de ce que je pensais être bien.

Il vous a fallu longtemps pour digérer cet épisode ?

On m’a dit que j’avais l’air abattu. Ça me fait rire. Enfin, pas vraiment… Je viens de perdre 2-0, je vais pas arriver avec le sourire. La nuit est passée, il a fallu un peu de temps pour digérer. J’ai dû recharger les batteries, parce que je devais être le premier à remobiliser tout le monde.

Vous serez au Brésil pour le tirage au sort. Qu’avez-vous prévu d’ici là ?

Je n’ai pas encore fait mon programme, mais j’y serai oui. D’ici là, je vais couper un peu. J’aurai quelques réunions aussi, pendant deux jours. Il y a beaucoup de choses à caler dans le programme avant la coupe du monde. Puis je vais regarder des matches à la télé.

Une dernière question. Hier, (le 23 novembre, ndlr), le journal Sud-Ouest a demandé à Jérémy Toulalan quelle serait sa ligne de conduite si vous reveniez vers lui avant la coupe du monde. Il a répondu : « La question ne se pose pas puisqu’il ne m’a pas sélectionné. S’il me sélectionne, la question se posera ». Quel est votre opinion sur ce sujet ?

(Etonné) Dans Sud-Ouest ? Il a dit ça ? Ça m’étonnerait… Non, mais bon, on s’est déjà parlés plusieurs fois et je connais sa position.

Et elle évolue ?

Aujourd’hui, je n’en sais pas plus. Je l’ai sollicité récemment, mais pas là. Il est avec son club…

Publié le

Par Jimmy Boursicot et Chris Bertoldi – Photo : No Finish Line